«Être, énergie, fréquences», une introduction

l’introduction au livre de Jean-Claude Biraud sur sa méthode

Corps, fréquence et énergie…

Il m’aura fallu du temps pour faire le lien entre ces trois notions fondamentales. Je compare souvent la vie à un torrent parsemé de rochers au bout duquel il y aurait une grande chute. Si l’on ne saisit pas les bonnes opportunités, la vie alors devient terne, lisse et finit inexorablement par la chute. Tout au long de ma carrière, j’ai toujours su m’arrêter sur les bons rochers et toujours su écouter et apprendre des autres. J’ai ainsi pu donner un sens à ma vie qui est devenue passionnante.

Issu d’une famille de scientifiques, je me suis toujours posé des questions sur tout et j’ai toujours essayé de comprendre le pourquoi du comment. Mes études et ma pratique en kinésithérapie ne m’ont pas aidé à comprendre la nature et le fonctionnement de l’être humain. Soigner est une chose, mais comprendre l’origine d’une pathologie en est une autre. J’ai donc passé ma carrière à découvrir, comprendre et prendre en charge l’origine des pathologies.

La première chance que j’ai eue, aggravant une partie de ma vie, mais m’aidant à la comprendre — est d’être devenu progressivement non-voyant. J’ai appris être atteint d’une dégénérescence de rétine, ou rétinite pigmentaire à l’âge de dix-sept ans. Celle-ci allait conduire à un silence choroïdien total dans les années futures. J’ai été privé de lecture très rapidement après mes études. Lire une revue ou un livre confortablement installé dans un fauteuil m’était devenu impossible. Pour toute transmission d’information, je me suis retrouvé dans l’obligation de contacter d’autres thérapeutes et d’échanger avec eux. Petit à petit cette obligation est devenue un réel plaisir.

Lorsqu’on entre dans une librairie, on peut se retrouver perdu devant le grand nombre de livres mis à notre disposition. Lequel choisir ? Biomécanique, médecine chinoise, neurologie… En début de carrière et sans expérience le choix s’avère difficile. On le fait au « p’tit bonheur la chance ».

Les rencontres avec d’autres professionnels se sont progressivement faites tout au long de ma carrière de manière naturelle en tenant compte de l’avancée de mes connaissances. À plusieurs reprises, il m’est arrivé de recevoir des informations importantes auxquelles je n’avais pas prêté attention. Mais quelques années plus tard, ma méthode de traitement ayant évolué, celles-ci, laissées provisoirement de côté, ont retrouvé leur place.

Quand je recevais des stagiaires, en vue d’une formation, je comparais souvent ma carrière et ma méthode à un puzzle. Au début, il est assez aisé de trouver les premières pièces comme les bords et les coins, mais au fur et à mesure, la réalisation du puzzle devient plus lente et difficile. La petitesse de la pièce à placer jure avec la grandeur du vide à remplir. Au moment de commencer ce livre, mon puzzle est bien avancé même s’il reste des trous à combler. Au vu de la complexité de l’être humain et de ses pathologies, il restera toujours quelques vides.

Très vite après avoir ouvert mon cabinet, un jeune médecin m’a rendu visite. Animé par une curiosité naturelle, il est venu me rencontrer et discuter autour de mes techniques et les façons dont j’envisageais ma profession. C’était peut-être un signe de mon destin sachant que d’habitude ce sont plutôt les kinésithérapeutes qui vont à la rencontre des médecins. Il m’a suggéré d’acheter le Précis d’acupuncture chinoise, de l’université de Pékin. Mon épouse Pauline m’en a fait la lecture. J’y ai trouvé de l’intérêt, mais ces informations sont restées sur les pages du livre. Je n’étais semble-t-il pas assez mûr pour intégrer ces connaissances à mon savoir de l’époque — c’était bien trop loin de ce qu’on m’avait appris à l’école. En échange, j’ai conseillé à ce médecin de lire Le corps entre les mains, une nouvelle approche de la kinésithérapie de Boris Dolto (et de même pour lui, qui un jour l’a oublié sur sa boîte aux lettres et l’a perdu).

À peine quelques semaines plus tard, le même médecin m’a conseillé de rendre visite à un podologue qui sortait des sentiers battus. Aussitôt dit, aussitôt fait. Je lui ai adressé une patiente et j’ai naturellement assisté à la consultation. Sur le moment, je n’ai pas perçu toutes les finesses de son bilan. Le vocabulaire utilisé, c’était pour moi autant de termes nouveaux — en tout cas il me restait étranger. J’ai senti néanmoins que sa démarche était cohérente. Ce jour-là, la porte du monde de la posture s’est ouverte à mes yeux.

Au début de ma carrière, j’avais la patientèle habituelle d’un cabinet de kinésithérapie, mais j’ai travaillé pendant quatre ans à mi-temps, en hôpital, dans un service de chirurgie vasculaire, artérites, amputations, puis deux ans dans un centre de rééducation pour enfants handicapés sensoriels et moteurs, une pratique traditionnelle, mais qui peu à peu me sortait de l’ordinaire.

En 1984, on m’a demandé d’assurer le suivi de sportifs dans le cadre de l’Office des sports de ma ville et du centre médico-sportif qui lui était rattaché, et progressivement, entré au CREPS de Reims, j’ai été amené à soigner des athlètes et à utiliser des appareils d’électrothérapie. À l’époque c’était très balbutiant, ça ne m’avait pas réconcilié avec ces appareils, découverts à l’école, mais avec réticence. C’est en prolongement de cette première expérience que je suis devenu, pendant neuf ans, un des kinés du tournoi de Roland-Garros : cela m’a conforté dans mon image de kiné du sport. Et soigner des gens très connus m’a appris à affirmer mon naturel professionnel.

Dans les années 1990, après avoir découvert l’action des muscles en position verticale, j’ai couramment utilisé l’électrothérapie pour corriger des défauts posturaux. Je me suis vite aperçu que la correction obtenue après cette stimulation restait mémorisée dans le temps. J’ai donc établi un lien direct entre la stimulation, support d’une fréquence, et la mémorisation d’une correction. Ce travail a fait l’objet d’une publication dans une revue internationale de médecine en 2004, Clinical Biomechanics, ayant pour objet l’étude des répercussions baropodométriques (la prise d’empreinte plantaire des pieds sur des capteurs de pression et leur répartition) d’une contraction électro-stimulée de l’abducteur du gros orteil.

L’année suivante, un stagiaire de mon cabinet, formé à la kiné en Allemagne et féru de médecine chinoise, m’a ouvert les yeux sur cette médecine. C’est ainsi que j’ai progressivement commencé d’étudier l’influence de l’énergie des organes sur la posture. Petit à petit, j’ai pris conscience que l’énergie étudiée par la médecine chinoise était gérée par l’axe hypophyso-hypothalamique, ou système neuro-végétatif, alors qu’il existe d’autres systèmes dans le cerveau pour gérer l’énergie des organes.

Grâce à un ergothérapeute rencontré en Suisse lors d’un congrès, possédant une bibliothèque bien fournie en livres de neurologie, j’ai commencé à m’intéresser de plus près à ce rôle du cerveau. Et
notamment par les livres du docteur Bourdiol, qui formait ses élèves sous réserve de confidentialité, lui aussi parti de la posture pour s’intéresser à la médecine chinoise puis à la neurologie. Livres malheureusement plus édités à ce jour, qui m’ont permis de découvrir progressivement différents centres neurologiques gérant l’énergie des organes. J’ai aussi découvert le travail d’un autre précurseur fabuleux, le docteur Nogier, qui a passé une partie de sa vie à explorer les différentes fréquences propres à chacun des systèmes qui composent notre corps. Un vocabulaire que je connaissais par l’électrothérapie, mais sur un échantillonnage de fréquences très limité. Les fréquences évoquées par Nogier n’étaient d’ailleurs pas reproductibles par les appareils que je possédais.

Si l’on se réfère à la médecine chinoise, les émotions sont directement liées au dérèglement de chaque organe. Ces émotions sont la conséquence de stress. Ayant beaucoup échangé avec des psychiatres, psychanalystes et psychologues, leurs pratiques associées à mon savoir-faire m’ont aidé à mettre au point une prise en charge du psychique lié au somatique et inversement. Il n’est pas question de traiter un problème psychologique sans prendre en charge le problème somatique et inversement.

Un jour pas comme les autres, sans préméditation, j’ai commencé à m’interroger sur le rôle de l’interaction entre notre conscient et notre inconscient. Une étincelle de départ, et peu importe si ensuite cela met un an, quatre ans, quinze ans pour arriver au but. J’ai eu la chance de recevoir en formation un podologue féru d’hypnose. J’ai alors compris que les techniques d’hypnose pouvaient aider et consolider une guérison. Dès lors, comme je l’expliquerai plus tard dans cet ouvrage, la prise en charge du seuil liminal entre notre conscient et notre inconscient est devenue un élément essentiel de ma méthode.

Méthode ? Lors d’une visite chez mon successeur, il m’a présenté à un de ses patients comme son professeur. Le patient a alors répondu : « Ah, alors c’est vous le monsieur de la méthode ? » Cette question m’a fait tout drôle. C’est ainsi que sur des conseils d’amis, j’ai accepté de prendre le risque d’écrire cet ouvrage.

Il m’aura fallu une trentaine d’années pour mettre au point une méthode cartésienne et cohérente. L’ensemble des professionnels avec lesquels j’ai échangé tout au long de ma carrière étaient tous aussi passionnés les uns que les autres. Si je dois être fier de ce que j’ai fait, ce serait surtout d’avoir réussi à faire le lien entre toutes ces techniques. Lorsque je dois expliquer ma méthode auprès de professionnels ou de patients, je compare souvent ma technique à un sapin. À l’occasion des fêtes de Noël, ils doivent être décorés. Chaque guirlande contribue au résultat, et cela illustre parfaitement l’ensemble des techniques précédemment décrites. De ces guirlandes, je ne connais que leurs attaches et éventuellement le début de leur trajet, mais en aucun cas le milieu. Une guirlande seule dans sa boîte n’a pas d’intérêt, mais, une fois sur le sapin, elle va briller de ses mille feux. Plus il y a de guirlandes, plus c’est joli. Lorsque je discute avec un professionnel, il n’est pas rare qu’une réflexion de sa part soudain m’illumine. Cette réflexion peut devenir une boule qui complètera la décoration de mon sapin.

Amoureux du Jura, d’où est originaire Paul-Émile Victor, j’ai pu visiter le musée des expéditions polaires de Prémanon. En sortant du musée, j’ai retenu cette réflexion de Paul-Émile Victor : « Il faut être sérieux, mais ne jamais se prendre au sérieux ». J’ai très vite senti que cette citation me collait à la peau. En trente ans, je n’aurais jamais imaginé mettre au point une méthode.

J’espère que ce livre aidera mes patients à mieux comprendre leur corps et l’origine de leur pathologie. J’espère que chaque professionnel y retrouvera une partie de son savoir et que curiosité oblige, ils auront envie d’aller plus loin dans leur pratique comme j’ai pu le faire pendant toutes ces années. Soulager et soigner est une joie, mais réussir à guérir tient du miracle.

Guérir donne un sens à sa vie.